Pourquoi l’implication des acteurs privés est-elle essentielle à la préservation de la biodiversité ?
L’IPBES* a identifié cinq grandes causes d’érosion de la biodiversité : l’artificialisation des sols, la surexploitation des ressources, le changement climatique, les pollutions et les espèces exotiques envahissantes. Or il existe un lien direct entre ces facteurs de pression et l’activité économique. Nous ne pourrons pas relever le défi de la biodiversité sans mobiliser les acteurs privés.
Quelles sont les différentes échelles auxquelles ils jouent un rôle ?
Il y a un double enjeu, à la fois local et global. Local, parce qu’une entreprise peut jouer un rôle à l’échelle de son territoire, par exemple en accueillant la biodiversité sur son site ou par des actions de proximité. Global, parce qu’une entreprise peut aussi avoir une chaîne de valeur très mondialisée, recourant à des ressources et fournisseurs issus d’un autre territoire, en France ou à l’étranger. S’inscrire dans une logique de préservation de la biodiversité nécessite d’agir sur ces deux échelles.
De quelle façon les collectivités peuvent-elles les encourager à s’impliquer ?
Les logiques multi-acteurs sur un territoire sont souvent vertueuses : une collectivité proactive pousse les entreprises à s’engager, et inversement.
Les collectivités peuvent jouer un rôle majeur pour sensibiliser les entreprises de leur territoire. Nombre d’entreprises sont sensibles aux démarches territoriales, notamment à travers les actions qu’elles peuvent mettre en place pour favoriser la biodiversité sur leurs sites d’activités, via des partenariats avec les associations locales de protection de la nature. A plus large échelle, les collectivités peuvent impulser une dynamique d’action via les zones d’activités par exemple ou la mise en cohérence des plans de gestion écologique. Il s’agit souvent d’une porte d’entrée pour aller plus loin et interroger ensuite l’intégralité de la chaîne de valeur de l’entreprise.
De tels projets peuvent-ils vraiment concilier économie et environnement ?
La conciliation économie-environnement est inévitable : non seulement les clients, consommateurs et employés sont en demande d’entreprises plus vertueuses, mais la pérennité des activités économiques dépend aussi de la bonne santé des écosystèmes. Et pour les collectivités, accueillir des entreprises aux activités pérennes permet de préserver la dynamique économique du territoire. C’est gagnant-gagnant.
« Un rapport de la banque centrale européenne sorti à l’occasion de la COP16 en novembre 2024 indiquait que 72 % des entreprises de la zone euro sont dépendantes à fortement dépendantes d’une biodiversité en bonne santé. »
Quels outils peut apporter l’OFB pour aider ces différents acteurs ?
L’OFB est là pour faciliter, soutenir, coordonner. Outre « Territoires engagés pour la nature » à destination des élus et collectivités, il existe un programme jumeau, « Entreprises engagées pour la nature », qui peut être promu par les collectivités auprès des acteurs privés de leur territoire. Le dispositif est actuellement national, mais sera régionalisé à partir de 2025, tout d’abord en Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté puis à terme dans toutes les régions.
* Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques