L’artificialisation des sols est-elle liée à la croissance de la population ?
Les deux ne sont pas nécessairement corrélés, de nombreuses communes consommant de nouveaux espaces sans accueillir de nouveaux habitants. Depuis 2015, la consommation annuelle d’espaces naturels, agricoles et forestiers représente 24 000 hectares par an en moyenne, soit quatre à cinq terrains de foot par heure.
Quelles en sont les conséquences ?
Les sols abritent près des deux tiers de la biodiversité, stockent du carbone, produisent de la biomasse et régulent les cycles de l’eau. Les dégrader, c’est altérer la capacité des sols à assurer ces fonctions écologiques essentielles. L’artificialisation augmente le ruissellement et les risques d’inondation, ainsi que les effets liés à la surchauffe urbaine, même dans les territoires ruraux. Elle entraîne une perte de terres agricoles alors que la souveraineté alimentaire est un enjeu essentiel. Elle détruit et fragmente les habitats naturels, empêchant certaines espèces de se déplacer ou de se nourrir ; elle induit aussi des nuisances sonores, de la pollution lumineuse, de la pollution de l’air et de l’eau.
« Les sols accueillent jusqu’à 59 % de la biodiversité terrestre. Il y a plus de vie sous nos pieds qu’en surface ! »
De quels leviers d’action les collectivités disposent-elles ?
Tout d’abord, réhabiliter l’existant en résorbant les logements vacants, en transformant des friches industrielles ou en rénovant du bâti ancien. Ensuite, intensifier l’habitat en réduisant la taille des parcelles, en divisant des terrains, en ajoutant un étage ou en multipliant les usages d’un bâti. Enfin, renaturer pour ramener de la biodiversité, qu’il s’agisse de désartificialiser des berges de cours d’eau ou de transformer des espaces bitumés en vergers. Mais la renaturation des sols ne doit pas servir de prétexte à leur artificialisation ; la préservation reste fondamentale : une fois les sols artificialisés, ils sont irrémédiablement altérés. Ne pas les dégrader est le seul moyen d’en conserver la richesse.
De tels changements sont-ils prioritaires ?
Ils sont incontournables ! Miser sur la sobriété foncière permet notamment de limiter et de réduire la vulnérabilité d’un territoire aux effets du changement climatique et d’améliorer sa fonctionnalité écologique. Un nouveau modèle qui nécessite de revoir notre vision des sols et de l’aménagement du territoire. C’est ce qu’a montré le Maire de Muttersholtz, en privilégiant une logique d’habitabilité fondée sur la sobriété foncière plutôt qu’une logique d’attractivité fondée sur l’étalement urbain.
Quel rôle peut jouer l’OFB pour faciliter ces projets ?
Notre rôle est de faire connaitre les impacts de l’artificialisation des sols et les solutions pour aider notamment les collectivités à mettre en oeuvre la séquence éviter-réduire-compenser à l’échelle de la planification territoriale et à déployer la Trame verte et bleue. L’OFB finance notamment les « Atlas de la biodiversité communale », ou « ABC », qui permettent de dresser un diagnostic partagé des enjeux de biodiversité. Nous valorisons également les initiatives grâce à nos Centres de ressources et favorisons les échanges entre pairs, comme avec la reconnaissance « Territoire engagé pour la nature ».