Quels dangers pèsent sur les milieux aquatiques et sur la préservation de la ressource en eau ?
Les cours d’eau, plans d’eau, zones humides et nappes d’eau souterraine souffrent de l’artificialisation des sols, de prélèvements supérieurs à la ressource et de la pollution. Leur bonne santé est pourtant essentielle pour fournir une eau saine et pas chère au robinet des français, garantir la qualité des eaux de baignade des plages ou s’adapter aux effets du changement climatique, sécheresses comme inondations.
« À l’occasion de la Journée mondiale des zones humides, le 2 février, près de 1 000 animations sont organisées en France pour sensibiliser à leur importance. »
Quelle importance ont-elles pour la biodiversité ?
La totalité des amphibiens comme les grenouilles et les tritons, la moitié des oiseaux et environ 30 % de la flore remarquable de France vivent dans les zones humides. Lorsqu’elles s’assèchent, ces espèces disparaissent. Des obstacles à l’écoulement des cours d’eau peuvent également impacter leur capacité à se nourrir et à se reproduire. Les zones humides sont une « assurance-vie » si on les préserve et restaure, mais une « bombe à retardement » si on les détruit et dégrade face aux changements climatiques. Elles contribuent au stockage de l’eau dans nos territoires et constituent des puits de carbone lorsqu’elles sont en bonne santé. La présence d’une zone humide sur une zone de captage génère également une économie de 2 000 euros par habitant pour l’épuration de l’eau.
Quel type d’action les collectivités peuvent-elles engager pour les préserver ?
Elles peuvent déjà inventorier les cours d’eau, plan d’eau et zones humides de leur territoire, puis mettre en place des actions de préservation et restauration, notamment grâce à des solutions fondées sur la nature comme le montre le programme Life ARTISAN porté par l’OFB. Pour les collectivités, les cours d’eau et les zones humides sont des « couteaux suisse » qui peut s’inscrire dans plusieurs plans de planification, leur permettant de lutter contre les effets néfastes du changement climatique (PCAET), de sauvegarder la ressource en eau (PTGE), voire de créer des lieux d’activité sociale et de reconnexion à la nature (TEN-DOCOB). La ville de Montivilliers vient par exemple de recevoir un prix « génie écologique en milieu urbain » pour la préservation et restauration de cours d’eau et zones humides en cœur de ville : jardins familiaux, espace récréatif et de sensibilisation à la richesse du vivant.
S’agit-il nécessairement de projets complexes et onéreux ?
Pas obligatoirement. L’essentiel est de bien s’entourer en travaillant avec les acteurs territoriaux, le monde associatif, les structures d’État et les établissements publics, voire les entreprises dans le cadre de leurs politiques RSE et de mécénat. Certaines actions ne nécessitent pas de gros investissements, plutôt des changements de pratiques, comme le recours à du « terreau sans tourbe » dans les espaces verts, pour préserver les tourbières européennes. Pour les autres, il existe des financements auprès des Agences de l’eau, de l’ADEME, des Régions (fonds européens) ou de l’État.
Comment l’OFB encourage-t-il de tels projets ?
Nous proposons des dispositifs financés comme l’Atlas de la biodiversité communale ou les aires éducatives, et des dispositifs d’accompagnement comme Territoires engagés pour la nature. Grace aux centres de ressources nationaux de l’OFB, dont trois spécifiques sur l’eau et les milieux aquatiques, nous mettons différents acteurs en relation, apportons des connaissances, des outils et des savoir-faire pour ceux qui souhaitent se lancer. Il n’y a pas de petits pas : tous sont importants tant qu’ils vont dans le sens de la préservation et restauration de l’eau et la biodiversité.