Espèces patrimoniales, endémiques, en danger ou en voie d’extinction… De quoi parle-t-on ?
Les espèces endémiques vivent uniquement dans un endroit donné. La France a d’ailleurs un rôle prépondérant pour la protection de ces espèces. A titre d’exemple, près de 30 % de la flore de La Réunion est endémique.
Les espèces patrimoniales sont, quant à elles, des espèces dont le niveau de rareté et de menaces les concernant est tel qu’il y a un doute sérieux quant à leur maintien dans un bon état de conservation lorsqu’elles subissent une destruction ou une dégradation de leur site de reproduction ou de leur aire de repos. Depuis 2008, la Liste rouge des espèces menacées en France informe sur l’état de la vie sauvage en outre-mer et en métropole. Elle dresse un bilan objectif du degré de menace qui pèse sur les espèces indigènes (c’est-à-dire présentes dans une région donnée sans intervention humaine) du territoire français. La présence d’une espèce dans un lieu dépend de facteurs écologiques : qualité du sol, température, humidité… D’où l’importance de préserver leurs milieux de vie pour préserver la biodiversité, terme qui désigne l’ensemble des êtres vivants, les écosystèmes dans lesquels ils vivent, ainsi que les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux.
Quels dangers pèsent sur ces milieux de vie aujourd’hui ?
La plus grande menace identifiée par l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour la biodiversité, est la destruction et l’artificialisation des milieux naturels Elle est suivie par la surexploitation des ressources naturelles et le trafic illégal, le changement climatique, les pollutions et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. Ces changements génèrent un appauvrissement de la diversité des écosystèmes et un effondrement des populations animales et végétales.
Comment les collectivités peuvent-elles agir ?
Les collectivités sont au premier rang pour agir et faire agir. Elles peuvent identifier et partager les enjeux de biodiversité sur leur territoire, par exemple à travers un Atlas de la biodiversité communale (ABC). Cela peut permettre de développer une vision partagée, et d’initier une stratégie foncière de préservation passant notamment par l’animation foncière, le droit de préemption, les biens vacants sans maître, des acquisitions amiables… Une telle stratégie peut être planifiée dans le temps, en s’appuyant sur la planification via les documents d’urbanisme. In fine, les collectivités peuvent agir pour restaurer les habitats dégradés, déployer des solutions fondées sur la nature plutôt que des solutions grises ou encore permettre la libre évolution de certains espaces, et ainsi tendre vers la reconquête de la biodiversité, une dynamique favorable aux paysages et à l’attractivité des territoires.
« Les collectivités ont un rôle de rassembleur à jouer »
Quels freins doivent-elles lever pour y parvenir ?
On peut citer le manque de sensibilisation, qui joue dans la compréhension des interdépendances entre la qualité de notre cadre de vie et la biodiversité. Ainsi, nombre de citoyens et d’acteurs des territoires ne sont pas conscients de la manière dont nos vies et nos activités dépendent de la biodiversité. Sensibiliser permet de convaincre d’initier les changements. C’est d’ailleurs l’une des étapes clés des projets d’Atlas de la biodiversité communale.
S’appuyer sur des retours d’expériences réussis peut aussi être un levier pour convaincre. C’est ce que propose, entre autres outils, les Centres de ressources de l’OFB.
L’accès au foncier peut être un frein, mais les possibilités existent pour agir en la matière.
En outre, il semble nécessaire d’améliorer la connaissance des financements à disposition des collectivités pour agir. La biodiversité est transverse à de nombreuses politiques publiques locales. En développant une vision intégrée des enjeux, il est possible de mobiliser des financements de divers opérateurs publiques, en y incorporant des actions favorables aux espaces et espèces. On peut citer ici les projets de désimperméabilisation des cours d’école, qui doivent être l’occasion d’intégrer la biodiversité au cœur de lieux de vie de nos enfants.
Et cette vision intégrée doit permettre de dépasser les limites de nos territoires, d’avoir une vue d’ensemble. La biodiversité reposant en effet sur des interactions qui dépassent les limites et frontières.
Comment l’OFB encourage-t-il de tels projets ?
L’Office français de la biodiversité propose de reconnaître l’engagement des collectivités à travers l’initiative Territoire engagée pour la nature. Il accompagne les collectivités et autres acteurs des territoires sur différentes politiques publiques à travers les Centres de ressources. Ceux-ci permettent de bénéficier de ressources techniques, méthodologiques et scientifiques, de retours d’expériences, de dispositifs de développement des compétences (webinaires, Mooc, formations), et d’un accès à des événements (journées d’échanges, colloques).
L’OFB appuie aussi financièrement les actions territoriales à travers différents appels à projets, à l’image de celui portant sur les ABC ou de Mission Nature. Ce dernier permet de financer des projets concrets de restauration écologique dans les territoires.